Dans l’article ci-dessous, vous allez pouvoir découvrir l’interview du Professeur Arnaud Bas devant qui ne livre rien que pour vous la recette d’une vraie alimentation santé. C’est auprès du Figaro qu’il s’est confié.
L’interview d’un professionnel
Pour vous, qu’est-ce que l’équilibre alimentaire?
C’est d’abord être en accord avec son alimentation quotidienne, et j’ajouterai, dans une certaine insouciance. L’équilibre alimentaire est un mélange subtil de plaisir, d’échange et de bien-être physique. C’est une forme de tranquillité, rendue possible par les apprentissages «alimentaires» acquis et intégrés précocement dans la vie et au fil du temps. Ils nous permettent de trouver un «équilibre» sans être experts en diététique. Et c’est heureux, car la comptabilité calorique et nutritionnelle de tout ce que nous mangeons serait bien encombrante. Reste que cet équilibre est actuellement fragilisé par la rapidité des évolutions des modes de vie, par la pression consumériste et la perte des repères.
Régulièrement, des études annoncent les bienfaits pour la santé de tel ou tel aliment. Peut-on affirmer que certains sont plus bénéfiques que d’autres?
La recherche en nutrition avance et, avec elle, l’identification des effets des aliments ou des nutriments sur tel ou tel aspect de la santé. De là, certains caricaturent les faits scientifiques en classant de manière abrupte les aliments en «bons» et «mauvais». Il existe peu d’aliments sur le marché qui soient «mauvais pour notre santé» en tant que tels, indépendamment des quantités consommées. C’est la place excessive ou insuffisante qu’ils occupent dans l’alimentation qui entraîne des déséquilibres nocifs pour la santé. La «tranquillité alimentaire» résulte de la «modération et de l’harmonie»… autrement dit de la diversité de ce que nous mangeons.
Que recouvre pour vous cette quête des bons aliments?
La situation est pour le moins paradoxale. Le passage d’une économie de subsistance à l’abondance aurait dû conduire à une certaine quiétude alimentaire, du moins pour la population qui en a les moyens économiques. Or nous constatons une perplexité croissante vis-à-vis de l’alimentation, largement promue, il est vrai, par certains nutritionnistes et relayée par les médias. C’est dans l’air du temps: la désignation d’un bouc émissaire ou la quête de la solution miracle en matière de santé et d’alimentation génère des slogans et des comportements alimentaires radicaux parfois délétères.
Cependant, les études se suivent et se contredisent parfois, mettant à l’honneur ou au piquet des aliments comme le soja, le lait, le café, le vin… comment s’y retrouver dans cette cacophonie alimentaire?
Nous sommes dans le tout ou rien. Les pseudo-experts mettent en exergue tel ou tel aliment, l’associent à une pathologie et généralisent. On joue sur le modèle des maladies infectieuses «Un virus donne une maladie», que l’on transcrit en «Un aliment donne une maladie», ou l’empêche. Ce modèle n’est pas pertinent dans le domaine de la nutrition, car cette dernière dépend d’innombrables facteurs biologiques, comportementaux et environnementaux. Si l’on tenait compte de toutes les alertes médiatiques de ce type, nous ne mangerions plus rien. Cette simplification extrémiste a de quoi séduire autant que d’inquiéter le «mangeur moderne». Il est temps de revenir aux différentes facettes de l’acte alimentaire, dans ses composantes hédoniques, sociales et de santé… et de se référer aux conseils simples, recommandés par les plans de santé publique.
Vous reconnaissez que parfois les messages sont brouillés…
Oui, c’est une difficulté qui se pose à ceux qui défendent la prévention nutritionnelle, dont je suis. Celle-ci est motivée par le développement des maladies liées à la nutrition, notamment les cancers, le diabète et l’obésité. Cela justifie que les autorités de santé s’engagent dans la prévention. Mais il faut constater que ces messages préventifs entrent en «compétition» avec ce que vous appelez la cacophonie médiatique. Et le combat est parfois inégal.
Alors, une réaction sur toutes ces informations ?
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